20- LE TESTAMENT DE RAMPA


« La vie est semblable à une école »
(©1984. Stanké-Arnaud Immelé => pages 56 à 59 Extrait 09)


    « La vie est semblable à une école. Lorsque nous sommes dans l'Au-Delà, dans le monde astral, avant de nous incarner dans le sein d'une femme, nous discutons avec d'autres esprits de ce que nous allons apprendre. Il y a quelque temps, je t'ai raconté l'histoire du vieux Seng, le Chinois. Je t'ai dit que nous prendrions un nom chinois, sinon, tel que je te connais, tu aurais associé un nom tibétain avec un Tibétain de notre connaissance. Eh bien, le vieux Seng, une fois mort, revit tout son passé et décida qu'il avait encore certaines choses à apprendre. Alors ses aides spirituels lui chercheraient des parents, ou plutôt de futurs parents, vivant dans des conditions susceptibles de permettre à l'âme qui avait été le vieux Seng d'apprendre les leçons désirées. » Mon Guide me regarda et reprit : « II en est à peu près de même pour un garçon qui veut devenir moine; s'il veut être un moine-médecin, il ira au Chakpori; s'il veut faire du travail domestique, il entrera au Potala, car on semble toujours y être à court de serviteurs! Nous choisissons notre école selon ce que nous voulons apprendre. »

    J'inclinai la tête car tout cela me paraissait très clair. Mes propres parents avaient pris les dispositions nécessaires pour
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me faire entrer au Chakpori, pourvu que je fusse capable de supporter la première épreuve d'endurance.

    Mon Guide, le Lama Mingyar Dondup, poursuivit : « Quand un être est sur le point de venir au monde, tout a déjà été prévu : il va descendre sur terre, naître d'une certaine femme qui habite une certaine région et qui est mariée à un homme de telle ou telle classe. On a jugé qu'ainsi le bébé qui va naître aura l'occasion d'acquérir l'expérience et les connaissances antérieurement projetées. Quand le temps est venu, le bébé vient au monde. Il doit d'abord apprendre à se nourrir, à exercer un contrôle sur certaines parties de son corps physique, à parler et à écouter. Au début, tu ne l'ignores pas, il doit apprendre à voir. » II me regarda en souriant et ajouta : « Aucun de nous n'aime l'école, certains d'entre nous doivent y aller, d'autres n'y sont pas obligés. Nous projetons de venir à l'école — non pas à cause du Karma—mais pour apprendre d'autres choses. L'enfant grandit, il va en classe où il est souvent traité durement par son maître, mais il n'y a pas de mal à cela, Lobsang. La discipline n'a jamais nui à personne. Elle transforme une foule en une armée. Un homme ne peut acquérir de culture que s'il est soumis à une certaine discipline. Tu penseras souvent que tu es maltraité, que ton professeur est sévère et cruel mais — quoi que tu puisses penser maintenant — sache que tu as choisi de venir sur terre dans ces conditions. »

    « Ma foi, Honorable Lama », m'exclamai-je, « si c'est moi qui ai choisi de venir ici-bas, il me semble que je devrais me faire examiner par un psychiatre. Et, d'ailleurs, si c'est moi qui ai voulu ça, pourquoi n'en sais-je rien? »

    Mon Guide me regarda et se mit à rire de bon cœur. « Je comprends ce que tu ressens aujourd'hui, Lobsang », répondit-il, « mais tu n'as aucune raison de t'inquiéter. Tu es d'abord venu ici-bas pour apprendre certaines choses. Et les ayant apprises, tu partiras dans un monde encore plus grand, au-delà de nos frontières, pour en savoir davantage. La voie ne sera pas facile; mais tu finiras par réussir et je ne veux pas que tu perdes courage. Chaque personne, quelle que soit sa situation dans la vie, est descendue des plans astraux sur cette terre afin d'apprendre et, par là, de pouvoir évoluer. Tu sais, comme moi, Lobsang, que si tu veux progresser dans la Lamaserie, tu dois étudier et passer des

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examens. Tu n'aurais pas haute opinion d'un garçon à qui l'on donnerait brusquement le pas sur toi et qui, par favoritisme, deviendrait un lama ou un abbé. Tant qu'il y a des examens en règle, tu sais que tu n'es pas classé après les autres à cause du caprice ou de l'injustice d'un supérieur. » Je pouvais comprendre cela aussi; quand on vous l'explique c'est très simple.

    « Nous venons sur terre pour apprendre et, si dures et si amères que soient les leçons, nous avons décidé avant de naître de les recevoir. En quittant ce monde, nous prenons, pendant un certain temps, du repos dans l'Au-Delà, puis, si nous voulons évoluer, nous continuons notre route. Nous pouvons retourner sur cette terre dans un milieu différent, ou bien nous pouvons connaître un genre d'existence complètement différent. Quand nous sommes en classe, il nous arrive de penser que la journée ne se terminera jamais, que le Professeur ne désarmera jamais. La vie terrestre est ainsi; si tout allait trop bien pour nous, si nous obtenions tout ce que nous désirons, nous n'apprendrions jamais rien, nous nous laisserions tout simplement entraîner par le fleuve de la vie. Et le fait est, malheureusement, que l'homme est un apprenti dont le seul maître est la douleur. »

    « En ce cas, Honorable Lama », dis-je, « pourquoi certains garçons,et certains Lamas aussi, se la coulent-ils aussi douce? Il me semble que j'endure des épreuves, que l'on me prédit les plus grands malheurs, qu'un professeur irascible me roue de coups alors que je fais vraiment de mon mieux. »

    « Mais, Lobsang, ces gens qui apparemment sont très satisfaits de leur sort, es-tu bien sûr qu'ils le soient? Es-tu sûr que la vie soit si facile pour eux, après tout? À moins de savoir ce qu'ils ont projeté de faire avant de descendre en ce monde, tu n'es pas à même d'en juger. Chaque être vient ici-bas en sachant à l'avance ce qu'il veut apprendre, comment il veut agir, et ce qu'il aspire-à devenir en quittant cette planète après avoir séjourné dans son école. Tu as dis que tu t'es donné beaucoup de mal aujourd'hui en classe. En es-tu certain? N'étais-tu pas plutôt content de toi, n'estimais-tu pas que tu savais déjà tout ce qu'il y avait à savoir sur la leçon? Par ton attitude condescendante, n'as-tu pas donné à ton Professeur un sentiment d'infériorité? » II me regarda d'un œil quelque peu accusateur et je me

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sentis rougir. Oui, il savait bien des choses. Et il avait le don désastreux de toucher toujours au point sensible. Oui, j'avais été satisfait de moi, j'avais cru, cette fois, que le Professeur ne trouverait pas la plus petite faute à me reprocher. Et ma propre suffisance n'avait pas peu contribué, bien entendu, à exaspérer ledit Professeur. Je hochai la tête. « Oui, Honorable Lama, je suis aussi coupable que tous les autres. »

    Mon Guide me sourit et inclina la tête d'un air approbateur.

    « Plus tard, Lobsang, tu iras à Tchoung-king, en Chine, comme tu le sais », dit-il. J'inclinai la tête en silence, me refusant à envisager le moment où je serais forcé de quitter le Tibet. Il continua : « Avant ton départ, nous écrirons à divers collèges et universités afin qu'ils nous envoient leurs programmes détaillés. Lorsque nous serons renseignés sur le genre d'éducation qu'ils donnent, nous choisirons le collège ou l'université susceptible de t'offrir exactement le genre d'entraînement dont tu auras besoin dans cette vie. De même, avant qu'un homme, dans le monde astral, ne songe à se réincarner, il réfléchit à ce qu'il se propose de faire, à ce qu'il veut apprendre, à ce qu'il veut finalement réaliser. Alors, comme je te l'ai déjà dit, on lui trouve les parents appropriés. Ce qui équivaut à chercher une école adéquate. »

    Plus je songeais à cette histoire d'école, plus elle me déplaisait.

    « Honorable Lama! » dis-je, «pourquoi certaines gens sont-ils accablés par la maladie et le malheur; qu'est-ce que ça leur apprend? »

    « Tu ne dois pas oublier, Lobsang », répondit mon Guide, « qu'un être qui descend sur cette terre a beaucoup à apprendre et il ne s'agit pas simplement d'apprendre à sculpter, ou à parler une langue, ou à retenir des Textes Sacrés. Il lui faut savoir des choses qui seront utiles dans le monde astral, après la mort. Comme je te l'ai dit, ce monde est celui de l'Illusion et il est parfaitement conçu pour nous enseigner la douleur et, en endurant la douleur, nous devrions être en mesure de comprendre les difficultés et les souffrances d'autrui. »

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