Usage Temporaire
De Corps Physique D'Autrui

19 - LE SAGE DU TIBET / Par Tuesday Lobsang Rampa --Montréal : Éditions Stanké, ©1980. {(pages 90 à 99 )(Extrait 09)}. Usage Temporaire De Corps Physique D'Autrui.

    « Lobsang, me répondit le lama, tu nous crois très avancés technologiquement, tu crois que la médecine, par exemple, n'a plus de secrets pour nous au Tibet, mais tu te trompes car pour l'étranger nous ne sommes que des sauvages incultes, au plan matériel du moins, car sur un autre plan nous en savons plus qu'eux. En dehors du Tibet le monde est un monde matérialiste. Pour revenir à ta question au sujet de l'eau, avant que nous arrivions ici et que tout se remît en marche, elle pouvait être là depuis des millions d'années comme elle pouvait l'être depuis seulement une heure ou deux ; cela n'a pas d'importance. Nous sommes en présence du phénomène d'hibernation qui est couramment pratiquée ailleurs à titre expérimental. Des individus sont placés en état cataleptique pendant des mois, l'un d'eux a même dépassé la période critique sans en souffrir pour autant ; la personne ne vieillit pas et pourtant elle est toujours vivante. On ne peut même pas percevoir les battements du coeur, ni discerner les signes de sa respiration à l'aide d'une glace. Comment expliquer ce sommeil qui préserve des méfaits du temps ? Il y a encore quantité de mystères de ce type qu'il nous faut éclaircir — des mystères qui n'en étaient pas à l'époque des Jardiniers de la Terre. L'hibernation était connue d'eux ; la preuve en est cette salle que tu vois sur la carte où ils conservaient ces corps après le traitement spécifique. Une fois par an, deux lamas venaient dans cette pièce examiner les corps ; ils les retiraient l'un après l'autre des cercueils de pierre et vérifiaient s'ils étaient toujours en parfait état. Ils faisaient travailler les différents muscles, donnaient quelque nourriture à ces enveloppes charnelles puis s'attaquaient à la tâche la plus difficile entre toutes : faire entrer le corps astral d'un Jardinier dans l'un de ces corps. C'est quelque chose de très spécial. »

    « Est-ce vraiment très difficile ? » demandai-je, intéressé.

   « Ah bon ! D'un côté tu te montres sceptique quant à la véracité du phénomène, et d'un autre côté tu es avide d'en savoir davantage. Tu n'es pas logique, Lobsang. Pour te répondre, oui c'est une expérience assez pénible. Dans l'astral, on peut prendre la forme que l'on veut, se faire très petit ou très grand, ou encore très gros, selon le but recherché. Après avoir choisi l'enveloppe charnelle la plus adéquate, il faut s'allonger près d'elle tandis que les lamas injectent une substance donnée dans le corps inerte. Après cela ils vous soulèvent et vous posent à plat ventre sur cette enveloppe. Il faut environ cinq minutes pour être totalement absorbé. On a l'impression que tout son corps s'engourdit progressivement. Puis une secousse se produit au niveau de la tête du gisant qui se met bientôt sur son séant et dit quelque chose comme : « Où suis-je ? » « Comment suis-je arrivé ? » Il se souvient des premiers temps du voyage qu'il a fait avec le précédent occupant, mais au bout de douze heures environ il devient tout à fait neutre, et l'on peut le plier à ses désirs comme s'il s'agissait de son propre corps. Nous utilisons parfois ce procédé pour ne pas risquer de détériorer notre propre corps lorsque nous voyageons dans l'astral. Mais l'on ne doit pas forcer quelqu'un à entrer dans ces enveloppes s'il n'est pas consentant.

    « Plus tard tu feras cette expérience pendant un an moins un jour. Il faut garder cette marge d'un jour car ces apparences ne peuvent "vivre" au-delà de 365 jours ; après ce délai surviennent des difficultés. Donc, au bout de 364 jours l'enveloppe charnelle dans laquelle tu seras, reprendra sa place dans le cercueil de pierre y frissonnant de froid tandis que ta forme astrale en sortira pour se réintroduire dans ton propre corps. Tu retrouveras alors tes pensées et ton savoir antérieurs, mais enrichis de l'expérience acquise durant les 364 jours de voyage.

    « Ce système a été amplement expérimenté par les peuples de l'Atlantide, continua le lama. Ils conservaient un grand nombre de ces corps en état de catalepsie et, régulièrement, des esprits supérieurs, qui voulaient accroître leur savoir, les empruntaient. Ils revenaient et reprenaient leur propre forme, laissant les enveloppes pour d'autres qui, à leur tour, s'y introduisaient. »

    « Mais je ne comprends pas, Maître, pourquoi les Jardiniers de la Terre, qui étaient si puissants, avaient besoin de cette mascarade ; ne pouvaient-ils pas seulement se poster en un point quelconque du globe et voir d'est en ouest et du nord au sud ce qui se passait ? »

    « Mais tu n'y penses pas, Lobsang ! s'exclama le lama. Ils ne pouvaient se permettre d'avoir leur vrai corps endommagé. Si le corps d'emprunt perd un bras ou une jambe ce n'est pas grave, cela ne lèse en rien l'éminent personnage qui est à l'intérieur. Tu sais que dans la tête de l'homme se trouve le cerveau qui est un organe aveugle, sourd et muet, qui ne peut répondre qu'à des stimulations, mais qui n'a pas conscience de ces sensations. Pour te faire mieux comprendre pourquoi ces êtres supérieurs qu'étaient les Jardiniers empruntaient ces corps, je vais te donner un exemple. Admettons que l'un d'eux veuille expérimenter la sensation de brûlure, il ne le pourrait pas sur son propre corps, insensible à la douleur. Aussi aura-t-il recours à ces simulacres de corps humain pour que les conditions nécessaires à l'expérience soient remplies. Ces êtres sont comme le cerveau de l'homme, incapables d'éprouver des sensations visuelles, auditives ou des sentiments comme l'amour, la haine, etc., alors que le corps le peut ; s'ils voulaient les éprouver, ils ne pouvaient le faire que par procuration. »

    « Donc ces corps inertes étaient à la disposition de quiconque voulait s'en servir ? » demandai-je.

    « Oh non ! pas du tout, s'exclama le lama. On ne pouvait introduire son esprit dans l'un de ces corps que si l'on avait de sérieux motifs de le faire. Il fallait que l'action envisagée soit reconnue comme profitable à l'humanité ; on ne pouvait emprunter une enveloppe charnelle pour satisfaire ses instincts sexuels, par exemple, ou pour gagner de l'argent. Certaines tâches devaient souvent être effectuées sur Terre — tâches difficiles pour des esprits supérieurs qui n'avaient pas la possibilité de sentir —. Aussi un certain nombre de Jardiniers venaient-ils régulièrement sur notre planète sous la forme de ces corps d'emprunt. Mais l'inconvénient majeur était la mauvaise odeur que dégageaient ces enveloppes ; une odeur de viande rôtie qui pouvait incommoder l'occupant, pendant la première journée du moins. »

    « Il y a quelque chose que je voudrais éclaircir, dis-je tout à coup, c'est la question de la Corde d'Argent. Que se passe-t-il lorsque l'esprit entre dans un corps de trente ans, par exemple ? Je suppose que la corde n'est pas coupée, autrement le corps tomberait en poussière. »

    « Non elle n'est pas coupée, répondit le lama, car ces enveloppes sont reliées par une corde spéciale à une source d'énergie qui permet à l'occupant d'y pénétrer sans problème. Cette Corde d'Argent est un phénomène connu également des autres communautés religieuses du monde. Elle est reliée à une réserve de force vitale, et elle permet de déterminer, suivant son aspect, l'état du corps auquel elle est reliée. Et d'après les résultats, on alimente ou non ce corps. »

    Je hochai la tête l'air un peu perplexe puis demandai à mon ami : « Pourquoi certaines personnes sont-elles reliées par une Corde d'Argent au niveau de la tête et d'autres au niveau du nombril ? Est-ce un signe de supériorité des unes par rapport aux autres, un signe de degré d'évolution ?

« Pas du tout, répondit le lama. Le point de contact n'a aucune importance. La Corde d'Argent pourrait aussi bien sortir par le gros orteil ce qui compte c'est que la liaison qu'elle assure soit effective. Tant qu'elle est en place, l'organisme maintient son équilibre, même pour un fonctionnement minimal ou stase. L'individu peut vivre dans cet état toute une année en se nourrissant seulement d'un bol de tsampa ou moins. C'est mieux ainsi car, autrement, nous passerions notre temps à courir la montagne pour nourrir ces corps. Ils peuvent vivre des millions d'années à condition qu'ils bénéficient d'un minimum de soins ; c'est cela que leur assure la Corde d'Argent. »

    « Lorsqu'un personnage important doit entrer dans l'un de ces corps, vient-il le choisir d'abord ? » demandai-je.

    « Non, répondit mon maître, s'il les voyait il ne voudrait jamais y pénétrer tant ils sont affreux à regarder. Tiens, je vais t'emmener dans la salle des cercueils si tu veux. » Sur ces paroles il se leva en ramassant ses livres et sa canne. Son pas était mal assuré.

« D'accord, mais avant ne voulez-vous pas que nous regardions vos jambes, vous semblez avoir mal ? »

    « Non, Lobsang, répondit-il, allons d'abord voir les cercueils. Après je te promets que nous regarderons mes jambes. »

    Nous nous engageâmes dans les couloirs, d'un pas lent. Le lama regardant souvent ses cartes. « Il faut prendre la prochaine voie à gauche, dit-il, puis encore à gauche, et ce sera la pièce en question. »

    Nous fîmes comme il l'avait indiqué, tournant deux fois à gauche pour arriver devant une grande porte qui semblait en or, en or martelé. Comme nous nous en approchions, un voyant lumineux s'était allumé ; il clignota tout d'abord puis se stabilisa tandis que la porte s'ouvrait. Nous entrâmes mais nous nous arrêtâmes sur le seuil tant le spectacle était sinistre.

    C'était une salle parfaitement équipée, avec des poteaux et des barres. « Cela, m'expliqua le Lama, permet aux êtres qui viennent d'émerger de leur profond sommeil de se tenir ; au début ils ne sont pas très stables sur leurs jambes, et il ne faudrait pas qu'ils tombent car ils s'abîmeraient et il faudrait repousser l'expérience ou rechercher un nouveau gisant. Cela compliquerait la tâche et personne n'y tient. Mais approche, Lobsang, et regarde celui-ci. »

    À contrecoeur je m'approchai du corps qu'il me montrait. Je n'aimais pas trop voir des cadavres. Je pensais alors à la brièveté de la vie humaine. Pourquoi la vie de l'homme était-elle si courte alors que les arbres vivaient près de quatre cents ans ?

    Je jetai un coup d'oeil à l'intérieur du cercueil de pierre et y vis un homme nu. Son corps était parsemé d'aiguilles plantées dans la chair d'où sortaient comme des fils électriques très fins. Alors que je le regardais, il me semblait que son visage se contractait par moments et qu'il tressautait légèrement. J'en avais la chair de poule. Je continuai à regarder et le vis ouvrir des yeux vides qu'il referma aussitôt. « Nous allons partir, Lobsang, dit le lama Mingyar

   Dondup, quelqu'un s'apprête à occuper ce corps ; notre présence est gênante pour tout le monde. »

    Là-dessus il se dirigea vers la porte et sortit. Je jetai un dernier coup d'oeil à la pièce et le suivis, mais un peu contre mon gré car beaucoup de choses m'intriguaient. De voir ces hommes et ces femmes nus me fit me demander pourquoi il y avait précisément des femmes. Qui pouvait bien avoir besoin de s'introduire dans une femme ? « Je sais ce que tu penses, me dit le lama, et pourquoi ne se servirait-on pas de gisants du sexe féminin ? Pour pénétrer dans certains endroits il faut nécessairement être une femme, et le contraire est vrai aussi. Mais partons, je ne veux pas importuner le personnage qui va s'introduire dans l'enveloppe. »

    Alors que nous nous éloignions, le lama me dit : « Tu sembles avoir beaucoup de questions à poser. Vas-y, n'hésite pas à demander des explications ; n'es-tu pas destiné à être le plus instruit des lamas ? Tu dois apprendre une quantité de choses que seule une infime proportion de prêtres peut savoir. »

    « Eh bien ! commençai-je, je voudrais savoir ce qui se passe une fois que le personnage s'est introduit dans l'enveloppe. Est-ce qu'il commence par se nourrir convenablement ? Personnellement, c'est ce que je ferais à sa place ! »

    Le lama sourit et répondit : « Non, il n'en a pas besoin puisque le corps a été régulièrement nourri en vue d'une prochaine occupation ; il n'a donc pas faim. »

   « C'est aussi cette mascarade que je ne comprends pas, repris-je. Pourquoi l'esprit supérieur n'entre-t-il pas dans un corps à la naissance ? Pourquoi se compliquer à réanimer des cadavres comme des zombies ? »

    « Lobsang, réfléchis un peu. Avant qu'un bébé soit capable d'acquérir des connaissances, il faut plusieurs années, et il doit aller à l'école, se soumettre à la discipline parentale, etc. Tout cela est une perte de temps qui peut couvrir trente ou quarante années. Prendre un de ces corps en catalepsie permet d'économiser ce temps ; il connaît le mode de vie des habitants de son pays et a une certaine conscience des choses qui l'entourent. »

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