[Édition postume]
{Introuvable}
Mariage
— couple
(©1984. Stanké-Arnaud
Immelé => pages 84 à 87 Extrait 14)
"Maître », dis-je, « pourquoi les gens mariés sont-ils si désagréables l'un envers l'autre? J'ai observé l'aura de ces deux Ragyab, hier soir, et j'ai eu l'impression qu'ils se haïssent. S'il en est ainsi, pourquoi se sont-ils mariés ? »
Le Lama garda quelques instants un silence attristé, puis il me dit : « Les gens oublient, Lobsang, qu'ils viennent sur cette terre pour apprendre certaines leçons. Avant la naissance d'un individu, pendant qu'il est encore de l'autre côté de la vie, on décide du genre, du type de partenaire qu'il aura en mariage. Tu dois comprendre qu'un grand nombre de gens se marient dans ce qu'on pourrait appeler la chaleur de la passion. Quand la passion est épuisée, la nouveauté, l'étrangeté perdent leur charme, et « L'habitude engendre le mépris. » Je réfléchis longuement à ces mots. Alors, pourquoi les gens se marient-ils? Apparemment, ils se marient afin de perpétuer la race. Mais pourquoi les gens ne peuvent-ils pas s'accoupler comme les animaux? Je levai la tête et posai la question à mon Guide. Il me regarda et me dit : « Mais, Lobsang! tu me surprends, tu devrais savoir, toi aussi, que les êtres qualifiés d'animaux
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s'unissent souvent pour la vie. C'est le cas de beaucoup de bêtes et, en particulier, de beaucoup d'oiseaux, surtout en ce qui concerne les plus évolués.
« Si les gens s'accouplaient simplement pour perpétuer la race, les enfants qui en résulteraient seraient des êtres presque sans âme, semblables, en fait, aux créatures nées par l'insémination artificielle. L'acte sexuel doit s'accomplir dans l'amour, les parents doivent s'aimer l'un l'autre pour créer un enfant de la meilleure espèce, sinon ce dernier ressemblera à un objet fabriqué en série! »
Le problème des relations conjugales m'intriguait vraiment. Je songeais à mes propres parents : ma mère avait été une femme autoritaire, et mon père s'était montré dur avec nous, ses enfants. Je n'éprouvais guère d'affection lorsque j'évoquais le souvenir de l'un ou de l'autre. Je dis à mon Guide : « Mais pourquoi les gens se marient-ils sous le coup de la passion? Pourquoi ne considèrent-ils pas le mariage comme une affaire? »
« Lobsang », répondit mon Guide, « il arrive fréquemment que les Chinois et les Japonais l'envisagent ainsi. Leurs unions sont souvent arrangées à l'avance et je dois reconnaître qu'elles donnent de bien meilleurs résultats que les mariages du monde occidental. Les Chinois comparent la chose à une bouilloire. Ils ne se marient pas dans l'ardeur de la passion, car, disent-ils, celle-ci est semblable à une bouilloire où l'eau, après avoir été portée à l'ébullition, se refroidit. Ils se marient calmement et permettent à la bouilloire mythique de parvenir lentement à l'ébullition et, de la sorte, elle reste chaude plus longtemps! »
Il me regarda pour voir si je le suivais bien, si ses explications étaient claires pour moi.
« Mais je ne comprends pas, Seigneur, pourquoi les gens sont si malheureux ensemble. »
« Lobsang, les gens viennent sur cette terre comme à l'école, pour apprendre, et, si les époux moyens étaient idéalement heureux ensemble, ils n'apprendraient pas, car il n'y aurait rien à apprendre. Ils viennent ici-bas pour vivre ensemble en bonne intelligence — cela fait partie de la leçon — ils doivent apprendre à donner et à recevoir. Les gens présentent des angles, des idiosyncrasies qui agacent leur partenaire, lui tapent sur les nerfs. L'un doit apprendre
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à se corriger de ce travers agaçant, l'autre doit apprendre à le tolérer. N'importe quel couple, ou presque, pourrait vivre dans l'entente si chacun apprenait à donner et à recevoir. »
« Maître », dis-je, « quel conseil donneriez-vous à des époux pour les aider à vivre en bonne intelligence? »
« Un mari et une femme, Lobsang, devraient attendre un •moment favorable, puis exposer amicalement, courtoisement, calmement, les motifs de leur mésentente. Si un mari et une femme s'entretenaient ensemble de ce qui les oppose, leur union serait plus heureuse. »
Je réfléchis et me demandai ce qui se passerait si mon père et ma mère engageaient une discussion sur un sujet quelconque. Ils me faisaient songer au feu et à l'eau dont l'incompatibilité est absolue. Mon Guide devina sans doute mes pensées, car il poursuivit :
« II faut que les époux sachent donner et recevoir, car pour pouvoir apprendre quelque chose, ils doivent être capables de se rendre compte que quelque chose les oppose l'un à l'autre. »
« Mais comment se fait-il », demandai-je, « qu'une personne tombe amoureuse d'une autre ou se sente attirée vers une autre? Et si deux êtres s'attirent l'un l'autre à un moment donné, pourquoi se détachent-ils si vite l'un de l'autre? » « Tu sais bien, Lobsang, que si l'on peut lire l'aura d'une personne, on peut en dire long sur son compte. Le commun des mortels ne voit pas l'aura, mais la plupart des gens éprouvent un sentiment instinctif à l'égard d'autrui; ils peuvent dire qu'ils ont de la sympathie ou de l'antipathie pour telle personne. La plupart du temps, ils ignorent pourquoi, mais ils reconnaissent que quelqu'un leur plaît ou leur déplaît. »
« Alors, Maître », m'exclamai-je, « comment peut-on éprouver brusquement de l'affection pour quelqu'un puis, tout aussi brusquement, de l'antipathie? »
« Quand les gens en sont arrivés à un certain point, quand ils se sentent amoureux, leurs vibrations augmentent et il est possible que lorsque ces deux personnes, un homme et une femme, émettent des vibrations élevées, leurs humeurs soient compatibles. Malheureusement, ces vibrations perdent souvent leur intensité. La femme se laisse aller, elle refuse par-
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fois à son mari ce qui lui revient de droit. Alors ce dernier va chercher des consolations auprès d'une autre femme et peu à peu les époux s'éloignent l'un de l'autre. Graduellement, leurs vibrations éthériques deviennent incompatibles, de sorte que les époux n'éprouvent plus qu'antipathie l'un pour l'autre. »
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