TIBET

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De l'invasion à l'exil:

Le 13 Mars 1950, les troupes de la  nouvelle République populaire de Chine envahissent le Tibet. Le régime de Pékin veut mettre fin au régime tibétain qu’il estime archaïque et féodal. Ce territoire représente par ailleurs un enjeu stratégique, un pays tampon entre deux géants rivaux depuis longtemps : la Chine et l’Inde.

En 1951 est signé l’accord de soumission du  Tibet à la Chine. Mais la " libération " du peuple tibétain se révèle vite sous un jour oppressif, et dès 1956 les premières révoltes contre l’occupant éclatent. En mars 1959, ces émeutes sont réprimées par l’Armée chinoise à Lhassa, la capitale du Tibet. Le 17 mars, le Dalaï Lama décide de prendre la voie de l’exil et se réfugie en Inde.

Entre 1966 et 1976, pendant la Révolution culturelle chinoise, la répression antireligieuse s’accroît. D’après une enquête  menée par le Gouvernement tibétain en exil, plus d’un million et demi de Tibétains auraient péri sous l’occupation chinoise, soit un sixième de la population. Avant 1949, le Tibet comptait près de 6000 monastères et monuments historiques. Vers 1979, à  l’exception de 13 d’entre eux, tous étaient en ruine ou rasés. Depuis 1979, les Tibétains sont néanmoins autorisés à reconstruire certains monastères et couvents. L’étude et la transmission du bouddhisme y sont néanmoins sévèrement contrôlées.
 

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Les négociations dans l'impasse

Au cours de ces 40 années, la Chine a mené  une politique de transfert massif de colons chinois au Tibet, rendant les Tibétains minoritaires dans leur propre pays. Tous les moyens sont bons pour encourager  les citoyens chinois à déménager sur le Toit du Monde : incitations fiscales pour les  investisseurs, salaires plus élevés qu’en Chine, primes diverses… Ainsi, il y aurait aujourd’hui plus de 7,5 millions de Chinois contre 6 millions de Tibétains dans ce qui était le territoire du Tibet avant son démantèlement. Le Tibétain  n’est plus enseigné et le Chinois est la langue pratiquée dans tous les secteurs de la vie administrative et économique du Tibet.

Soucieux de mettre fin à la violence, le Dalaï Lama n’a cessé de chercher une solution  négociée à ce conflit. En effet, à la position radicale qui consiste à réclamer coûte que coûte l’indépendance pure et simple, le Dalaï Lama a préféré la " voie du milieu " : il propose ainsi aux autorités chinoises un statut d’autonomie réelle pour le Tibet.  Malheureusement, le gouvernement chinois refuse pour l’instant toutes ses propositions et persiste dans une attitude répressive.

Le Tibet aujourd'hui

Des montagnes enneigées où s'accrochent de lourds nuages, des sommets qui culminent à plus de 8000 mètres d'altitude : le décor du Tibet est d'abord celui de l'Himalaya.

Avant la réorganisation territoriale opérée par la Chine, la superficie totale du Tibet était de 2,5 millions de km2 (provinces d’U-Tsang, Kham et Amdo) avec Lhassa pour capitale. Le Bön était alors la religion indigène du Tibet et le bouddhisme, la pratique de 90% des Tibétains. Sa Sainteté le XIVe Dalaï-Lama avait le statut de chef de l’Etat.  On parlait alors le Tibétain et on  payait en Sang.

Sous souveraineté chinoise, son territoire est désormais découpé en plusieurs zones administratives : la Région Autonome du Tibet (créée en 1965), le Qinghai, et le reste qui est  incorporé aux provinces voisines chinoises : Yunnan, Sichuan, Gansu. La monnaie officielle des  7,5 millions de colons chinois et 6 millions de Tibétains est le Yuan.

Désormais, le Tibet en exil compte environ 136 000 personnes. Le gouvernement et le parlement siègent à Dharamsala, dans le nord de l’Inde.  Dotées d'un fonctionnement démocratique avec des élections tous les cinq ans, ces institutions ont désigné Sa Sainteté le Dalaï-Lama chef de l'Etat.

Le Panchen Lama, réincarnation de la sagesse  Le Panchen Lama, " joyau de sagesse ", est la deuxième personnalité la plus importante pour  les Tibétains après le Dalaï Lama. Le 17 mai 1995, le Dalaï Lama reconnaît en Gendhun Choekyi Nyima, un petit garçon de 6 ans,  la réincarnation du dixième Panchen Lama, mort en 1989. Mais peu de temps après, Gendu Choekyi disparaît. Les autorités chinoises sont suspectées de l'avoir enlevé. Le 29 novembre 1995, la Chine désigne elle-même le onzième Panchen Lama par tirage au sort entre trois candidats et conteste ainsi officiellement le choix du Dalaï Lama. Les deux  autres candidats sont déclarés Bouddhas vivants par la Chine. Et toujours aucune nouvelle de Gendhun Choekyi. Aujourd’hui, il pourrait être le plus jeune prisonnier politique du monde. A travers cette manœuvre, la Chine affirme le principe " le patriotisme d’abord, la religion  ensuite ", déstabilisant ainsi le bouddhisme tibétain.