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.............. etc..........
Exemple
:
http://r20.rs6.net/tn.jsp?f=0017nEFMdDmWFjaG3BBxh91iLVMauqs-eh_tCHDqmeBYvNacrtWKQjq5UeLcIKdr-gTND9APbZ9oxR-tTJsAB2S4zjNc6z2np3EKSvdkBS-XhghDvN7ZjttI-N_KvmM6Y9chcsYq6hXSokDyd1ZP7yEAQFMlr9KoeLm1mCw7Sq5v0EBFZNhbX8nvF7u59U5BF6d9qqGYygkiEq-BJUdxZko4m1TvvT7YukGrxoddw6F-1YH7bVlFJMHkvWZZfbni48Ximy0M2Oxy4R6x7NWlpJVa9lrkmuqisYc&c=I_0QnhshfGL2braw1WC6Xuw5qvYZuKoyxxdrJeFrcy66Q4NuIxVq0w==&ch=soDYAw9MDqN8BDvMZBzduRfOVwKFjpEX4m_zjLB_99qfIKpF_T1XeA==
(Faire attention et peut-être même vérifier pourquoi!) Jacques Fortier
(Toutefois
le texte est très réaliste et signifiant)
*******************
Salut ,
Je suis
ami-facebook avec ce Professeur Jules Dufour à
l’Université Laval.
Je crois
aussi que toute cette Peur et Haine des Islamistes est
amplifiée en vue de justifier éventuellement
d’autres frappes et peut-être une
guerre au Moyen Orient…
From: [email protected]
Par
Jules
Dufour
Mondialisation.ca,
18 février 2015
Url
de l'article:
http://www.mondialisation.ca/la-conjoncture-mondiale-2015-le-risque-dune-conflagration-nucleaire-pointe-de-nouveau-a-lhorizon/5431693
Voici
une synthèse éclairante de la situation actuelle des
mouvements mondiaux qui
occupent actuellement les nouvelles en pièces détachées et
dont les médias n'arrivent
pas à donner l'heure juste.
Synthès préparée par un gars du Saguenay, professeur
émérite et chevalier de l'Ordre du Québec
entre autres titres.
Au
cours des dernières décennies une guerre économique
mondialisée sévit en affaiblissant, blessant et faisant
souffrir l’humanité et son environnement. Les maîtres de ce
monde la qualifient plutôt de crise économique due à des
facteurs conjoncturels. Elle est, dans les faits,
structurelle, programmée et conduite par le biais des
firmes multinationales et des gouvernements collaborateurs. Dans ce contexte, les acteurs du contrôle
et du maintien de l’hégémonie de l’économie capitaliste qui
mènent cette guerre sont regroupés autour de trois
composantes principales : Les organisations
politico-économiques mondiales, les forces de sécurité et
les gouvernements nationaux.
- Les organisations internationales telles que la Banque
mondiale et le FMI voient à son bon déroulement et à son
expansion;
- Les forces de sécurité correspondant aux forces armées
internationales et nationales, les agences de sécurité et les
forces policières veillent à la sauvegarde de l’ordre établi;
- Les gouvernements nationaux collaborent afin de concrétiser
les dispositions générales à l’échelle régionale et locale.
C’est l’action de l’impérialisme qui
s’étend sous toutes les latitudes. C’est l’ « empire
du capital » selon l’expression du sociologue Claudio Katz.
C’est la mondialisation de la guerre selon l’expression de
Michel Chossudovsky. Les victimes de cette
« guerre » se comptent par centaines de millions,
lesquels se retrouvent dans un état d’appauvrissement extrême
qui les conduit à la mort de façon prématurée. Les zones de
vie étant fortement, détériorées, dégradées et même détruites.
À chaque jour près de 30 000 êtres
humains meurent de faim dans le monde (Worldometers – Statistiques mondiales en
temps rée). C’est le massacre de la faim selon
l’expression de Jean Ziegler.
Depuis quelques années, à l’intérieur
de ce panorama, cependant, se présentent plusieurs indices
ou signes, voire des indications qui nous permettent de
craindre la préparation d’un conflit armé mondial, un
conflit qui serait programmé et préparé par l’OTAN et ce
dans la perspective de maintenir l’hégémonie de l’économie
occidentale à l’échelle mondiale. Deux
événements majeurs ont déjà fait craindre le pire, soit
la crise économique déclenchée en 2008 avec le déclin constant
des économies occidentales et la menace de destruction de
l’Iran par l’Occident proférée en 2010 alors que le commandant
des forces étasuniennes en Irak et en Afghanistan, David
Petraeus, déclarait que Washington avait mis au point des
plans militaires concernant les installations nucléaires
iraniennes, dont des “bombardements” (lexpress.fr).
Au cours de la dernière année un grand nombre d’inquiétudes
ont été exprimées dans le monde. De nombreux intervenants ont
évoqué le risque du déclenchement d’une guerre mondiale
nucléaire. La seule pensée de cette éventualité fait frémir,
mais elle s’est retrouvée sur les lèvres ou sous la
plume de nombreux observateurs de la scène géopolitique
mondiale (voir plus bas la liste des références).
Dans une analyse proposée par Eberhard Hamer intitulée « les
signes annonciateurs d’une troisième guerre mondiale
s’accumulent » et dans le contexte de la menace d’une attaque
de l’Iran par les puissances occidentales l’auteur analysait,
en 2010, quatre signes annonciateurs
d’un conflit armé mondial: L’attitude guerrière du
Premier ministre israélien, le positionnement par Israël de
sous-marins nucléaires en face de l’Iran, le processus de
diabolisation de l’Iran dans la presse internationale et la
plus grande concentration de troupes au monde dans la région
du Golfe persique (mondialisation.ca). Aujourd’hui,
c’est autour du conflit armé ukrainien que naissent les plus
grandes appréhensions avec un scénario similaire.
Dans cet exposé qui se veut une synthèse de cette conjoncture
de grande importance pour l’humanité, nous considérons cinq
éléments principaux qui nous semblent revêtir, dans ce
contexte global, une forte signification et qui peuvent se
résumer ainsi : L’intensification de la guerre économique, le
conflit armé en Ukraine ou la guerre du Donbass, l’expansion
de l’OTAN en Europe de l’Est, le confinement économique de la
Russie et les craintes du déclenchement d’une 3ème guerre
mondiale exprimées par plusieurs leaders mondiaux.
Nous traitons ces différents aspects de la conjoncture
actuelle en ayant à l’esprit les éléments suivants:
La crise économique et financière
mondiale qui se prolonge et même s’accentue avec des États
gravement endettés et avec l’instauration de mesures
d’austérité; l’intervention de l’OTAN en Ukraine
visant à annexer de facto ce pays à l’Occident; l’imposition
de sanctions économiques et
politiques par l’Occident contre la Russie; la diabolisation
de V. Poutine et de son gouvernement sur toutes les
tribunes; une montée orchestrée contre le monde
musulman; l’intensification de la présence des forces
armées occidentales dans cinq pays situés à proximité de la
Russie; la création par les pays de l’OTAN d’un sous
commandement britannique en Europe de l’Est; la création par
l’OTAN d’une force d’intervention rapide en Europe de l’Est;
le déploiement par l’OTAN d’un arsenal pour la Force de
réaction dans les pays baltes; une intensification du conflit
armé entre Kiev et les séparatistes pro-Russes; le
déploiement par l’OTAN d’éléments de commandement en Europe de
l’Est afin de rendre la réaction de l’organisation plus
opérationnelle; l’élaboration par les États-Unis d’un plan
pour une 3ème guerre mondiale dans un document intitulé « Army
Operating Concept (AOC); les craintes exprimées sur la
préparation et le déclenchement d’une guerre mondiale par
plusieurs leaders mondiaux.
I.
L’intensification de la guerre économique
La guerre que livre le grand capital dans l’ensemble mondial
se manifeste par l’affaiblissement de la majorité et
l’enrichissement d’une minorité de privilégiés. Tout est
orchestré pour assurer les forces d’accumulation de capitaux
dans les mains des mieux nantis. Les politiques
macro-économiques sont conçues dans cet esprit. Les
entreprises porteuses de ces capitaux développent des
stratégies d’accumulation sans fin et ce avec le concours des
États nationaux. Ainsi, les pouvoirs économiques et financiers
deviennent tellement forts qu’ils peuvent dicter le
comportement des États à leur avantage. Les peuples, dans ce
contexte, ne font que subir les effets pervers et nocifs de
l’hyper-concentration de l’accumulation: pauvreté,
marginalisation, migrations forcées, chômage, maladies et
faim.
En 2015, voici le tableau de la situation mondiale en ce qui a
trait à la concentration de la richesse collective. Selon
Oxfam, les plus fortunés possèderont bientôt la moitié de la
richesse mondiale. Dans
les faits, en 2014, 1% de la population mondiale détient
48% des richesses (Le Monde.fr). Les avoirs des familles
David Rockefeller et de Jacob Rothschild seraient estimés
entre 340 et 350 milliards de dollars. 80 personnes les plus
riches au monde (Bill Gates, Carlos Slim, Amancio Ortega, les
frères Koch…) cumulent une richesse dépassant celle des 50 %
les plus pauvres de la planète, soit 3,5 milliards de
personnes, selon le classement Forbes des milliardaires (liste des multimilliardaires dans le monde
en 2014). L’écart entre les très riches et les très
pauvres s’accentue fortement ces dernières années : en 2010,
il fallait additionner les richesses de 388 milliardaires pour
parvenir au patrimoine des 50 % les plus pauvres. En 2014, ils sont quatre fois moins. Cette
situation est amplifiée par le fait que les plus puissants et
ce dans tous les domaines de l’activité économique se
soustraient aux règles de droit en recourant aux paradis
fiscaux alors qu’une proportion importante de leurs capitaux
échappent au pouvoir des États.
Selon l’Observatoire des inégalités, «
La pauvreté baisse dans le monde. Un milliard d’individus –
dont 15 millions dans les pays riches – vivent cependant
toujours avec moins de 1,25 dollar par jour, le seuil
d’extrême pauvreté... En
prenant un seuil un peu plus élevé à deux dollars par
jour, on compte près de 2,1 milliards de personnes
pauvres, soit un gros tiers de la population mondiale en
2011, contre près de 70 % en 1981″.
C’est donc une guerre d’usurpation des biens collectifs par
les grands conglomérats qui n’hésitent pas à surexploiter la
main-d’oeuvre et à détruire l’environnement afin de s’enrichir
davantage et ainsi d’augmenter leur puissance. Cette quête de
l’avoir rend les comportements collectifs complètement
obnubilés par l’appât du gain : délocalisations soudaines et
incontrôlées, corruption, évitement fiscal, expatriation
fiscale, spéculations foncières et financières, fraudes, etc.
Le professeur Chossudovsky, en 2008, qualifiait la crise
financière mondiale comme étant « la plus sérieuse depuis le «
crash » de Wall Street en 1929... Replacé dans son contexte
global, écrivait-il, et tenant compte de l’instabilité générée
par la spéculation, les implications de cette crise sont de
très grande envergure. La crise, cependant, n’a pas encore
d’aucune façon atteint son apogée. Elle a le pouvoir de
disloquer les fondations même du système monétaire
international. Les répercussions sur la vie des gens vivant en
Amérique et tout autour du monde sont dramatiques. La crise
n’est pas limitée à l’effondrement des marchés financiers.
L’économie réelle aux niveaux national et international, ses
institutions, ses structures de production sont aussi en
danger. Quand les valeurs de la Bourse s’effondrent, les
épargnes des ménages de toute une vie sont érodées, ainsi que
les fonds de pension. L’effondrement financier, inévitablement
se répercute sur les marchés de consommation, le marché de
l’habitation, et plus largement, sur le processus
d’investissement des biens et services » (gauchemip.org).
En bref, la crise se poursuit et se traduit par des déficits
budgétaires élevés et un endettement lourd des États dont
l’affaiblissement progressif entraîne toute une série de
conséquences néfastes pour l’économie réelle et la société :
taux de chômage général élevé, surtout chez les jeunes, ce
taux étant de 53,8% en Espagne le plus élevé en Europe en
2014, dislocation des familles, incertitudes grandissantes,
tensions sociales, conflits armés, etc.
Les
effets du prolongement de la crise économique sur les
sociétés
Selon l’Observatoire de la pauvreté et de
l’exclusion sociale (ONPES), dans son rapport de juillet
2014, « la prolongation de la crise accentue les risques de
rupture sociale de certains publics. La hausse du nombre de
personnes en situation de pauvreté monétaire, amorcée au
milieu des années 2000, s’est nettement accélérée depuis
2008... La crise a aussi entraîné une intensification de la
pauvreté et des risques d’irréversibilité des situations de
pauvreté. En France, comme en Europe, les personnes privées
d’emploi, les familles monoparentales et les jeunes sont les
premières victimes de la crise de longue durée avec un risque
de pauvreté ou d’exclusion sociale plus élevé que le reste de
la population ».
Les
risques d’un effondrement sont toujours là
Selon Rodrigue Tremblay, économiste, il
y a encore aujourd’hui un risque d’une crise financière et
économique majeure : « les méga banques américaines sont
maintenant en mesure de spéculer avec les dépôts assurés par
le gouvernement. Quand un tel château de cartes financier
s’effondrera de nouveau est impossible à prédire, mais on peut
raisonnablement être certain que cela arrivera, surtout si un
choc politique ou économique grave allait frapper l’économie
». S’ajoute à cette situation
celle de « l’Union européenne (UE), la plus grande
économie mondiale, laquelle est au bord du gouffre d’une
récession économique. Tant qu’à l’économie chinoise,
la troisième plus grande économie du monde, elle fonctionne
également au ralenti.
Il ajoute en concluant : « Un autre signe inquiétant est
l’effondrement de la vitesse de circulation de la monnaie aux
États-Unis, un phénomène ressemblant à celui connu à la fin
des années ‘20, juste avant le début de la Grande Dépression.
La vélocité de la monnaie est aujourd’hui à son niveau le plus
bas des vingt dernières années. Le fait que le secteur
gouvernemental et le secteur financier aux États-Unis soient
tous deux affaiblis est de nature à soulever des inquiétudes
pour les prochaines années » (mondialisation.ca).
II.
Le conflit armé en Ukraine ou la guerre du Donbass (figure
1)
Le conflit armé en Ukraine aussi appelé guerre du Donbass a
pour origine l’intervention de l’Occident dans les affaires
intérieures de l’Ukraine (le Maïdan a été reconnu par le
Président étasunien lui-même) afin d’en prendre le
contrôle dans la perspective d’une présence militaire accrue
des forces armées de l’OTAN à la périphérie immédiate de la
Russie. Ce processus a été initié par la naissance du
mouvement Euromaidan et par la révolution de février 2014
aboutissant à la destitution du gouvernement de Viktor
Ianoukovytch et à l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement
pro-européen.
Figure 1. Les
territoires sous le contrôle des séparatistes pro-russes
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Donbass
Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_du_Donbass
Devant cette situation, les populations de l’Est de
l’Ukraine manifestent leur refus du nouveau gouvernement
provisoire de Kiev et expriment leur désaccord dans une série
de manifestations dans toutes les grandes villes du Donbass.
Cela donne lieu au mouvement antimaïdan et à la proclamation
de la République populaire de Donetsk (7 avril), puis de la
République populaire de Lougansk (11 mai) qui fusionneront le
23 mai 2014.
Dès le deux mai, l’armée ukrainienne intervient dans l’est du
pays. C’est la poursuite des combats depuis en dépit des
premiers accords de Minks conclus le 5 septembre dernier. En
janvier 2015, ceux-ci s’intensifient et l’armée progresse sur
le terrain. Les 6 et 11 février derniers, les chefs d’états
Hollande et Merkel se déplacent en Russie chez Poutine pour
négocier un nouveau plan de paix bâti dans le cadre d’un
règlement global. Celui-ci en faveur d’un cessez-le-feu
semble très fragile, comme le premier accord, puisque les
combats se poursuivaient dans les derniers jours (lapresse.ca) et même après l’entrée en
vigueur du cessez-le-feu (courrierinternational.com).
« Le marathon de 17 heures de négociations qui vient de se
dérouler entre les parties, l’Allemagne, la France, la Russie
et l’Ukraine, a permis d’en arriver à un Accord pour un
cessez-le-feu devant entrer en vigueur le 15 février.
Les résultats semblent répondre aux demandes du Kremlin.
L’accord démontre la position de négociation de plus en plus
faible de l’Ukraine de même que le souhait de l’Allemagne
d’éviter une confrontation avec la Russie tout en essayant de
sauver la zone euro. On retrouve à l’intérieur de
l’Accord quelques dispositions concernant le
cessez-le-feu, le retrait des armements et quelques
changements que l’Ukraine doit assumer dans un contexte qui
donne au Kremlin le contrôle des sections importantes de
l’Accord. La signature de l’Accord par le Président de la
Russie et sa participation directe aux négociations soulignent
la volonté du Kremlin d’arrêter partiellement l’escalade de la
guerre, du moins pour le moment (stratfor.com).
Le 21 janvier, le ministre des Affaires étrangères de la
Russie, Sergueï Lavrov, implore les partenaires occidentaux...
d’exhorter les autorités ukrainiennes à empêcher un scénario
militaire de se reproduire. C’est l’objectif le plus
important”, (sputniknews.com).
Nous croyons que deux scénarios de règlement ont été
esquissés. Le premier, celui de la partition de facto de
l’Ukraine, projet qui ne serait jamais accepté par l’Occident
qui fonde ses interventions sur le principe de la souveraineté
et de l’intégrité territoriale du pays. Le second,
inscrit dans le dernier Accord de Minks, souligne la nécessité
pour le gouvernement ukrainien de promulguer une loi spéciale
sur le statut des provinces de Donetsk et de Lugansk, un
régime qui leur permettrait de former des milices locales et
de travailler de concert avec le gouvernement central pour la
nomination des procureurs et de formuler des mesures
économiques et sociales pour les régions (stratfor.com). La création d’un comité
de surveillance de la frontière composé de Russes et
d’Occidentaux, sous l’égide de l’OSCE, a aussi été
évoquée. Même si ce dernier scénario vient à prévaloir le
contentieux entre les blocs continuera de se développer dans
le contexte d’une confrontation militaire plus large qui tend
à s’intensifier. Pour la majorité des Ukrainiens, il s’agit
d’un combat fratricide et non pas d’une guerre de défense du
territoire contre un agresseur étranger. Ils se demandent
ainsi : Pourquoi dans ces conditions les autorités en place à
Kiev refusent-elles toute discussion avec les séparatistes et
privilégient-elles l’affrontement violent contre leur propre
population ?
III.
L’expansion de l’OTAN en Europe de l’Est (figure 2)
Dans la perspective d’un isolement progressif de la Russie
l’OTAN s’est engagée dans un processus de militarisation
intense de l’Europe de l’Est et ce en prenant comme
justificatif le conflit armé ukrainien et l’attitude dite
agressive de Moscou vis-à-vis de l’Ukraine et de l’Occident.
Tout ce processus se poursuit depuis l’annexion de la
Crimée à la Russie et s’est intensifié au cours des derniers
mois. En effet, l’OTAN a décidé, le 5 février dernier, «
de renforcer la défense de son flanc oriental en créant une
nouvelle force de 5000 hommes rapidement mobilisable et six
centres de commandement en Europe de l’Est. La France,
l’Allemagne, l’Italie, la Pologne, l’Espagne et le Royaume-Uni
ont accepté d’être les premiers pays à participer à cette
nouvelle force baptisée Fer de lance et qui devrait être
opérationnelle en 2016.
Figure 2. Les
bases militaires des États-Unis et de l’OTAN entourent la
Russie
Source :
http://www.cubadebate.cu/noticias/2014/09/07/la-imagen-del-dia-las-bases-militares-de-occidente-ya-rodean-rusia/
Selon l’OTAN, cette force exercera une présence permanente : «
Nous sommes convenus d’établir immédiatement six centres
multinationaux de commandement et de contrôle en Bulgarie,
Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne et Roumanie, a précisé M.
Stoltenberg. Si une nouvelle crise survient, ils garantiront
que les forces nationales et de l’OTAN en provenance de
l’ensemble de l’Alliance seront capables d’agir de concert dès
le début ... Ces quartiers généraux serviront à faciliter le
déploiement de la force le cas échéant. Ils soutiendront aussi
la planification de la défense collective et aideront à
coordonner des exercices, a expliqué M. Stoltenberg.
L’Allemagne, le Danemark et la Pologne ont accepté de mettre
sur pied à Szczecin, dans l’ouest de la Pologne, le quartier
général qui coordonnera l’action des nouveaux centres de
commandement ».
« Pour le patron de l’OTAN, il s’agit du plus important
renforcement de sa défense collective depuis la fin de Guerre
froide. «C’est une réponse aux actions agressives de la
Russie, qui a violé la loi internationale et annexé la
Crimée», a-t-il expliqué, en insistant sur le caractère
défensif de ces décisions ... Ce renforcement avait été
esquissé lors du sommet des chefs d’État et de gouvernement de
l’OTAN au Pays de Galles en septembre dernier, dans la foulée
de l’annexion de la Crimée par la Russie, suivie par son
intervention dans l’est de l’Ukraine ( ledevoir.com).
IV.
Le confinement politique et économique de la Russie
Depuis quelques années, le comportement général de l’Occident
vis-à-vis de la Russie s’est développé de manière à réduire sa
puissance et son influence dans le monde. Le tout s’est
matérialisé au cours de la dernière année avec l’imposition de
sanctions politiques et économiques.
Diabolisation
Au cours de la dernière année, les médias mainstream se sont
acharnés sur la Russie et son président. Rien n’a été épargné.
Reportages nombreux exposant les comportements « agressifs »
de ce pays à l’égard de l’Occident et l’arrogance de son
président. L’élément déclencheur fut en partie
l’annexion de la Crimée à la Russie et, par la suite,
l’explosion d’un avion de la Malaysia Airlines au-dessus de
l’Ukraine. Tous les tords ont été portés sans aucun fondement
avéré au président russe dans ce cas et aussi dans le rôle
qu’il a joué dans le déclenchement et la poursuite du conflit
armé dans le Donbass.
Poutine se comporte “comme un tyran du XXe siècle” (LA TRIBUNE.FR. 2015, le 7 février.
Les propos du secrétaire au Foreign Office,
Philip Hammond, vont dans le même sens en comparant le
comportement du président en Ukraine à celui d’un
« dictateur du siècle dernier ».
Les chefs d’État présents à Brisbane pour le Sommet du G20, le
15 novembre dernier, ont accueilli froidement le Président de
la Russie. David Cameron a déclaré à cette occasion: « La Russie se comporte comme un « grand
État agressant de plus petits États en Europe ».
D’autres ont condamné le déploiement des forces navales russes
dans le Nord de l’Australie et dans le Pacifique Sud .
La
danse des sanctions
En représailles contre les actions supposément posées par le
Kremlin, les États-Unis d’abord, puis l’UE suivie par les pays
alliés de l’Occident, ont tour à tour annoncé une pléthore de
sanctions à l’encontre de la Russie. C’est le 17 juillet que
les États-Unis et l’UE annoncent l’introduction de nouvelles
mesures punitives contre la Russie en raison de la crise
ukrainienne. Les autres pays alliés de l’Occident ont suivi
par la suite.
L’UE a imposé des sanctions à l’encontre de
personnalités criméennes, de personnalités politiques ou
de hauts fonctionnaires russes, de personnalités du monde des
affaires russes, de personnalités ukrainiennes ou impliquées
sur le territoire ukrainien et à l’encontre de certaines
entreprises.
Ces sanctions et d’autres ont entraîné dans l’UE, selon le
ministre des Affaires étrangères de l’Espagne, José Manuel
Garcia-Magallo, des pertes de l’ordre de 21 milliards d’euros
en date du 9 février 2015 : « Il a également averti que
l’adoption de nouvelles mesures restrictives aurait un « coût
cinglant pour tout le monde » et a déclaré que l’Union
européenne a subi à ce jour des pertes de 21 milliards d’euros
en raison des punitions imposées à Moscou. » (cubadebate.cu).
En bref, l’ensemble des sanctions internationales à l’encontre
de la Russie par l’UE ont été effectuées dans les domaines de
l’économie, de la défense (embargo sur l’import et l’export
des armes et du matériel), des technologies et des énergies.
Des restrictions furent imposées pour la Crimée et Sébastopol.
Puis, la liste s’est allongée pour augmenter la pression sur
le Kremlin. Les sanctions de Washington ont porté contre
« des secteurs clés de l’économie russe », visant les secteurs
de l’énergie, de la défense et de la finance, avec la
suspension d’exportations, l’assujettissement de nouvelles
banques et entreprises du secteur de la défense aux sanctions
et la suspension formelle des crédits à l’exportation et des
financements du développement économique russe » (lemonde.fr).
Les sanctions n’auraient pas eu un caractère uniquement
punitif comme l’Occident le prétend. Selon Paul Graig Roberts,
« le véritable objectif des sanctions occidentales est de
rompre les relations économiques et politiques entre l’Europe
et la Russie » (sputniknews.com), le tout inscrit dans
le processus plus général de confinement du pays.
Les
effets des sanctions sur l’économie russe
Selon les données présentées par Jacques Hubert-Rodier /
Editorialiste diplomatique Les Echos, le 18 novembre dernier,
« sur la scène internationale, la Russie ne peut que constater
son isolement. Surtout, économiquement, le prix à payer risque
d’être lourd. De janvier à octobre, selon des estimations du
centre d’analyse de la Chambre de commerce et d’industrie
France-Russie, le seul conflit ukrainien a coûté à la Russie
plus de 3 % de point de son PIB, soit 60 milliards de dollars.
A cette perte, il faudrait ajouter les conséquences de la
chute du rouble, la forte baisse de la Bourse de Moscou et des
cours du pétrole. Et les conséquences les plus dures des
sanctions, accélérant encore la fuite des capitaux, sont
encore à venir » (lesechos.fr).
La
riposte de la Russie
Les sanctions imposées par la Russie à
l’encontre du Bloc occidental se sont matérialisées, entre
autres, par l’interdiction totale d’importation de la
plupart des produits alimentaires en provenance des
États-Unis, de l’Union européenne, d’Australie, du Canada et
de Norvège. À cela s’ajoutèrent des mesures de
rétorsion correspondant à des restrictions aux importations de
certains biens industriels (Rfi. 2014. La riposte de la Russie aux sanctions
occidentales).
Selon Paul Graig Roberts, « l’actuelle modération
des contre-sanctions de la Russie contre l’UE s’explique par
le fait que le pays reste ouvert aux relations paritaires avec
l’Occident et ne représente aucune menace, contrairement à
Washington qui continue à faire pression sur la Russie au
détriment des intérêts de ses partenaires européens » (sputniknews.com).
La semaine dernière, le Président Poutine menaçait Obama de
publier des photos satellitaires prouvant l’implication US
dans les attentats du 11/9. À cette occasion, on a de nouveau
évoqué que les tensions entre les deux pays, les plus graves
depuis la guerre froide, paraissaient au « vivre le
calme avant la tempête » (cameroonvoice.com).
V.
Les craintes du déclenchement d’une 3ème guerre mondiale
exprimées par plusieurs leaders mondiaux et les appels
pour la prévenir (figure 3)
L’intensification de la crise économique mondiale accentuée
par les programmes d’austérité, le conflit armé en Ukraine, le
processus de confinement accru de la Russie et le processus
actif de militarisation de l’Europe orientale par l’OTAN
correspondent aux principales menaces qui pèsent sur la paix
mondiale. Nous avons retenu quatre témoignages qui illustrent
les inquiétudes de la population mondiale vis-à-vis de ces
menaces, soit un rappel du Manifeste Russell-Einstein, l’Appel
de Fidel Castro, quelques conclusions de la 2ème conférence
sur l’impact humanitaire des armes nucléaires tenue au Mexique
en 2014 et les craintes exprimées par M. Gorbatchev.
Figure 3. Les
têtes nucléaires dans le monde en 2009
En ligne : http://www.lefigaro.fr/assets/images/nucleaireproliferation.jpg
Le
Manifeste Russell-Einstein (1955)
« Vu que lors d’une future guerre mondiale les armes
nucléaires seront certainement utilisées et que ces armes
mettent en danger la poursuite de l’existence de l’humanité,
nous demandons aux gouvernements du monde de comprendre et
d’annoncer publiquement que leurs objectifs ne peuvent être
atteints par le moyen d’une guerre mondiale, et nous leur
demandons, en conséquence, de trouver des moyens pacifiques
pour régler tous les sujets sur lesquels ils sont en désaccord
» (Résolution du Manifeste Russell-Einstein, le 9 juillet
1955).
L’Appel
de Fidel Castro (2010)
« Dans une guerre nucléaire, le dommage collatéral serait la
vie humaine, l’existence même de l’humanité... Ayons le
courage de proclamer que toutes les armes, nucléaires ou
conventionnelles, que tout ce qui sert à faire la guerre doit
disparaître ! » (Fidel Castro, octobre 2010) (mondialisation.ca). (figure 3).
Quelques
conclusions de la 2ème conférence sur l’impact humanitaire
des armes nucléaires tenue au Mexique (2014)
«Les effets de l’explosion d’une arme nucléaire se
répercutent au-delà des frontières nationales et il s’agit ici
d’un thème de profondes préoccupations partagées par tous. »
« En plus de la destruction et de la mort causées de manière
instantanée par une explosion, le développement
socio-économique se verrait affecté et l’environnement serait
endommagé. La souffrance serait généralisée et la population
dotée de peu de ressources et d’une plus grande vulnérabilité
serait la plus affectée. La reconstruction des infrastructures
et la reprise des activités économiques et commerciales, les
communications, les services de santé et d’éducation
prendraient des décennies à se reconstituer, causant un
dommage social et politique profond. » (Quelques conclusions de la 2ème conférence
sur l’impact humanitaire des armes nucléaires, Nayarit,
Mexico, 13-14 février 2014.
Inquiétudes
de M. Gorbatchev (2015)
« Pour parler franchement, les États-Unis nous ont déjà
entraînés dans une nouvelle guerre froide en essayant
ouvertement de suivre leur idée de triomphalisme, » a dit
l’ancien dirigeant soviétique à Interfax. « Que va-t-il se
passer maintenant? Malheureusement, je ne peux pas être sûr
que la guerre froide n’en devienne pas une véritable. Je
redoute que [les États-Unis] en prennent le risque. » (Mikhaïl
Gorbatchev, janvier 2015 (mondialisation.ca).
Conclusion
Les Sommets mondiaux sur l’environnement et le développement
depuis Stockholm en 1972 en passant par celui de Rio en 1992,
celui du Millénaire en 2000 et, enfin, celui de Johannesburg
en 2002, ont tour à tour souligné la nécessité de reconvertir
l’économie mondiale en la replaçant dans un cadre
organisationnel et politique qui puisse respecter les
écosystèmes qui génèrent la vie tant terrestre que marine et
redonner aux économies régionales et locales leur droit
d’existence et leur autonomie de développement.
Ce bref aperçu de la situation géopolitique mondiale actuelle
nous fait comprendre encore une fois la grande impuissance des
peuples vis-à-vis du grand capital mondialisé qui subissent
les affres du capitalisme destructeur. Les révoltes se
multiplient devant le sort injuste qui est réservé à des
milliards d’habitants, mais celui-ci veille à les diviser et à
les contenir par la force et la violence armées.
Les messages sont maintes fois répétés dans le monde en faveur
de la paix bâtie par la justice sociale et la solidarité et
non par la dissuasion et l’imposition d’un ordre maintenu par
la force tel que l’appel lancé par les forums sociaux mondiaux
: « Un autre monde est possible ».
Nous ne pouvons qu’éprouver beaucoup d’inquiétudes devant le
grand réarmement planétaire, y compris nucléaire, qui ne cesse
d’attiser les tensions entre les grands ensembles
géopolitiques et ainsi entre les nations elles-mêmes. Ces
tensions donnent naissance à des conflits armés dont l’ampleur
est devenue intolérable, comme nous avons pu le constater à
l’intérieur des conflits armés en Afghanistan, en Irak, en
Syrie, en Côte d’Ivoire, en Libye, en Centrafrique, au Mali, à
Gaza et maintenant au Nigéria avec les pays circonvoisins. Les
bilans sont dressés. Des centaines de milliers de morts, des
millions de déplacés et des nations à toutes fins pratiques
détruites.
Regarder ce panorama sans réagir et sans se soucier de
l’avenir n’est pas une attitude responsable. Il importe
d’abord de comprendre les raisons qui conduisent le système
politique et économique dans cette situation qui met en péril
la survie même de l’humanité. Il est possible ensuite
d’exercer des pressions sur les responsables politiques pour
qu’ils prennent les bonnes décisions, soit celles qui vont à
l’encontre des forces du capital totalitaire et en faveur de
celles d’une gouvernance donnant désormais priorité aux
besoins des peuples. Pour ce faire il est primordial de savoir
décrypter la bonne information à travers les discours de
propagande en faveur du système dominant. La plupart du temps,
les faits qui sont rendus publics ont pour objectifs de servir
les tenants du grand capital. Il importe donc de bien saisir les
intentions profondes qui l’animent.
Terminons en citant les propos de Chems Eddine Chitour,
professeur de l’École nationale polytechnique d’Alger, qui
écrivait en novembre 2014 : « Le monde est à un tournant et
Mikhaïl Gorbatchev a raison de nous prévenir de l’imminence
d’une troisième guerre mondiale qui est programmée et qui sera
d’autant plus probable au fur et à mesure de la rareté de
l’énergie des matières premières et des dégâts des changements
climatiques... ». (mondialisation.ca). Selon David North et Alex Lanthier,
« Il n’y a aucun moyen d’arrêter ce mouvement vers la
guerre si ce n’est par une intervention politique consciente
de la classe ouvrière. Quiconque croit qu’une guerre nucléaire
est impossible parce que les gouvernements modernes, à
l’opposé de ceux au pouvoir en 1914, ne prendraient pas le
risque d’une catastrophe, se fait des illusions. Les régimes
existant aujourd’hui sont peut-être encore plus irresponsables
que ceux de l’époque. Assaillis par des problèmes économiques
et sociaux pour lesquels ils n’ont pas de solution
progressiste, ils sont de plus en plus enclins à voir la
guerre comme un risque valant la peine d’être encouru ».
Enfin, il est primordial de nous rappeler ces propos d’Albert Einstein : « « Je ne
sais pas comment sera la troisième guerre mondiale, mais je
sais qu’il n’y aura plus beaucoup de monde pour voir la
quatrième ». Cette simple pensée doit nous amener à consacrer
toutes les énergies possibles pour qu’elle ne demeure qu’un
cauchemar à éviter à tous prix.
Jules
Dufour
Jules
Dufour,
Ph.D., géographe, est président de l’Association
canadienne pour les Nations Unies (ACNU) /Section
Saguenay-Lac-Saint-Jean, professeur émérite à l’Université
du Québec à Chicoutimi, membre du cercle
universel des Ambassadeurs de la Paix, membre chevalier de
l’Ordre national du Québec.
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